polka a écrit :Moi je trouve que 500 millions d'euros par an, tous les ans, pendant 15 ans, cela n'est pas tout à fait marginal, un peu plus qu'une goutte d'eau quand même.... Mais je prends bonne note de votre opinion.
Ce n'est pas une opinion. C'est une remise en perspective basée sur une analyse pour dire que ces décès bien que terribles humainement auront très peu d'impact sur les allocations.
Si on prend le montant de +500 millions, reportés à 478 milliards on se trouve dans un rapport proche de 1/1000, 0.001%. Le rapport ne change pas: si vous les multipliez sur 15 ans, ca ne fait toujours que +7,5 milliards en valeur absolue qui seront reportés sur, grosso modo, 7 000 milliards.
C'est une goutte d'eau dans le sens que ca n'a aucun réel impact macro à l'échelle de l'Etat belge. Donc oui on peut dire que c'est marginal sans passer pour un farfelu. De la même façon on peut dire que cela n'aura pas vraiment de réelle implication sur le système des retraites qui comme je l'ai dit va plutôt connaître une hausse de la proportion de retraités dans la société d'ici à 2050, au mieux ca réduira en effet un petit peu à la marge le déficit immédiat du Ministère des pensions, les pensions seules représentent en effet environ 50 milliards d'euros annuels en 2020 et passeront à 60 milliards d'euros annuels environ en 2025, il y avait déjà une hausse prévue à 5 ans de 1/5.
-50 milliards reportés à 478 milliards sur une seule année, c'est en revanche un rapport 1/10: le déficit de 50 milliards par contre, aura lui de réelles implications. En substance, c'est très simple, il y a 2 choix devant nous, ou bien admettre de vivre sur la dette un certain temps pour relancer tout ce qui peut être relancé (ce qui à mon avis sera nécessaire) ou bien réviser à terme très vite toutes les allocations en faisant de l'austérité partout, ce qui entraînerait un cercle vicieux de baisse des recettes, de consommation, de hausse proportionnelle des prélèvements sociaux et qui est à mon avis impraticable à grand échelle parce qu'on est dans une zone ouverte et qu'on ne se protège pas des autres pays européens. Inutile de vous dire que les collectivités vont se lancer dans les 2 types de mesures.
Vous remarquerez que le déficit prévu cette année correspond en fait à l'équivalent de l'ensemble des pensions payées cette année en Belgique.
En réalité le covid en terme de mortalité est donc beaucoup plus négligeable y compris chez les personnes âgées que le covid ne va l'être en terme économique. C'est devenu un fait non discutable.
En mars-avril dernier j'avais fait le boulot en allant voir Statbel, les 9000 décès "coronavirus" d'alors (maintenant doublés) rapportés en totalité pour l'argument à la seule tranche d'age de +70 ans ne représentaient toujours que 0.005% de la population de cette tranche d'age (600 000 hommes + 900 000 femmes), càd 1 personne sur 171 environ, autrement dit 5-6 personnes pour 1000.
En réalité, les tranches d'age 75-84 ans (2000 décès sur 690 000 personnes) et 85+ (3000 décès sur 323 000 personnes) étaient les plus impactées et comptabilisaient à elles seules plus de la moitié des décès "coronavirus" totaux. L'autre moitié se situant en dessous de 75 ans dont une partie se diluant sur les tranches d'âge plus jeunes.
Sur les tranches d'âge à risque (donc les moins nombreuses), le covid avait alors après 2 mois tué 1 personne sur 345 pour la tranche d'âge 75/84 ans et 1 personne sur 107 pour la tranche d'âge 85 ans et+.
Après ce mois de novembre de 2ème vague, on est proche de la fin de l'année et on est donc bien loin d'une hécatombe chez les pensionnés de +65 ans qui remettrait alors tout à fait à plat le système de retraites et qui modifierait la pyramide des âges.
En terme économique en comparaison on est face à un changement structurel profond si on ne fait rien, sans aide réelle soutenable dans le temps vous aurez facilement 50% des gens qui ont investi dans les hotels, restaurants, l'événementiel, les indépendants, qui vont disparaître, au sens économique. Devant l'impossibilité de payer leurs propres traites, ils vont se déclarer en faillite et diminuer d'autant les recettes fiscales. Sans avoir les moyens de recréer spécifiquement une activité à la sortie de crise. Sans oublier qu'ils vont entraîner des impayés en chaîne chez leurs fournisseurs, leurs prêteurs, etc. C'est la crise de 2008 en pire.
D'où le fait que des voix commencent à se faire entendre quant au fait que le bilan économique du covid pourrait être pire en "mortalité" à l'échelle de plusieurs dizaines d'années que le bilan sanitaire du covid lui-même. Les indépendants qui se suicident n'étant que la pointe immédiate de l'iceberg. C'est un peu caricatural mais au fond pas si idiot que cela. Tout dépend ce qu'on appelle une "mortalité".