par Eric » 10 Jan 2006 12:56
voici un excellent petit article, les infos sur la VOD sont très intéressantes.
SPI : « Broadcast versus broadband » quel modèle ?
Le Spi (Syndicat des producteurs indépendants) a organisé hier à la Cinémathèque française à l'occasion de ses 10 ans une après-midi de rencontres. Dans une salle comble, le débat intitulé « Broadcast versus broadband : comment adapter le modèle français de financement des oeuvres ? » a pris une tonalité particulière du fait de l'actualité parlementaire avec l'adoption, dans la nuit du 21 au 22 décembre, par l'Assemblée nationale de deux amendements légalisant le téléchargement sur internet.
Olivier Bomsel, professeur d'économie industrielle à l'Ecole des Mines, a rappelé « l'institution fondamentale » qu'est le droit de propriété intellectuelle, notamment pour l'économie des biens culturels audiovisuels. « Cette institution est remise en question dans le débat parlementaire. Elle a pourtant deux fonctions : créer une incitation à la création d'oeuvres et structurer toute la chaîne contractuelle, du créateur au consommateur. » En parallèle du modèle du broadcast qui permet d'offrir des contenus en clair (incitatifs à l'achat de l'équipement) grâce à la publicité, il a soulevé la question d'internet, « nouveau réseau qui doit construire un système et convaincre les consommateurs d'acheter l'équipement nécessaire. Il offre donc des contenus gratuits ». Et ne sachant comment faire fonctionner ce modèle gratuit, « il met en place des dispositifs qui contournent les droits. Et qui spolient toute la chaîne », a analysé Olivier Bomsel.
Le modèle du broadcast « difficilement transposable »
Interrogé par Jérôme Caza (2P2L) le modérateur du débat, Olivier Courson, secrétaire général du Groupe Canal+, a estimé qu'il était possible de « s'adapter à ce nouvel univers, mais que (le modèle broadcast) y était difficilement transposable ». Rappelant le partenariat qui lie Canal+ et le secteur du cinéma, il a considéré qu'il « sera difficile de réguler ces nouveaux acteurs et usages ». « Il faut que le jeu soit équilibré entre les différents acteurs. Il faut tendre vers la neutralité (technologique, ndlr), mais je pense qu'on n'y arrivera pas ».
Patrick Raude, directeur de la DDM, a rappelé l'existence de « deux textes juridiques fondamentaux » en cours de débat : le projet de loi d'une part et, de l'autre, la directive télévision sans frontières dont le projet « réaffirme l'objectif de soutien à la diffusion, pour le broadcast comme pour le non linéaire (VoD) ». Soulignant que le vote du parlement n'était « pas définitif », le gouvernement ayant demandé une deuxième délibération sur les amendements, il a par ailleurs appelé les professionnels à « faire preuve de pédagogie » sur l'approche graduée. Mais, a-t-il insisté, « il n'y aura pas de lutte efficace contre le téléchargement gratuit sans une offre proposant une large gamme à des prix attractifs. Sur ce plan, a estimé Patrick Raude, il y a énormément à faire ». Selon lui, l'analyse du marché de la musique aux Etats-Unis, montre qu'« il est possible de développer une offre payante de manière significative ». « Pour un ayant droit, la multiplicité des canaux de distribution n'est intrinsèquement pas un défaut. Il faut faire attention au processus de cannibalisation », a-t-il considéré.
Une « question de volonté politique »
« On n'en est pas encore là », a estimé de son côté Alain Rocca (Lazennec), qui a rappelé que, pour le broadcast, « on est passé d'un système encadré à un système consenti ». Il a considéré que « la filière de production de contenus » devait faire « un travail de pédagogie absolument énorme par rapport aux nouveaux entrants. On ne peut l'engager que s'il existe un cadre réglementaire institué du fait politique ». Rappelant que « l'exception française » vient du fait que les médias participent à « l'investissement en amont » avec des « niveaux de prix régulés », il a estimé que « dans dix ans, on se félicitera des partenariats montés avec les FAI ». Une opinion que ne partage pas Olivier Courson. « Les défis sont différents aujourd'hui », a-t-il souligné, citant notamment le caractère « transnational » de la problématique actuelle et le fait qu'elle ne dépende pas d'un « système broadcast avec des fréquences régulables ». « Il sera difficile de répliquer à cet univers ce qui a été imaginé pour Canal+. Je crois qu'il faut apporter d'autres réponses que réglementaires. » Alain Rocca a néanmoins insisté : « A partir de 2006, Orange va payer 135-136 M€ pour sa licence. C'est donc une question de volonté politique, de bienveillance ou malveillance de la représentation nationale, de motivation de la filière qui va bénéficier de cet encadrement et de résistance de ceux qui vont la subir. »
Pour Patrick Raude, qui a indiqué que « l'un des enjeux de l'introduction de la HD sur la TNT » était d'offrir des « contenus attractifs à travers des acteurs régulés », l'accord conclu sur la VoD entre les FAI et les professionnels du cinéma « montre que ces nouveaux acteurs peuvent rentrer dans un processus vertueux ». En contrepoint, Olivier Bomsel a rappelé les chiffres d'affaires actuellement engendrés par les différents modes d'exploitation : « 1 Md€ pour la salle, 2 Md€ pour le DVD, 3,3 Md€ pour la TV en clair (pub et redevance), 2,9 Md€ pour la TV payante et 0 pour le peer-to-peer, mais 8,5 millions d'abonnés - 10 en juin - qui payent 30 € par mois ». « Je ne comprends pas comment aujourd'hui un ayant droit va chercher à licencier son contenu, alors que le chiffre d'affaires est nul, contrairement à tous les autres réseaux. » Ce à quoi Patrick Raude a répondu : « Le chiffre d'affaire VoD de HBO est de 500 M€ ; l'essentiel revient aux ayant droits. »