Eric a écrit :hier j'ai mis 1h pour faire 2km (sortir de Bruxelles).
Aujourd'hui 45 minutes.
Les 300 premiers mètres pour sortir du pentagone (le parking est dans le pentagone) met 15 minutes. tout le monde est parchoc contre parchoc et l'on avance centimètre par centimètre.
tout ce que cela genere c'est de l'énervement pour beaucoup de gens et des incivilités.
Ce qui est bon c'est que la haute direction est victime de cela et cela les énerve de perdre autant de temps.
l'on commence à entendre parler d'idée de délocalisation.
En espérant que l'on reste HQ pour le Benelux et que ce ne soit pas transféré aux Pays-Bas.
Mon fils ainé travaille à quelques centaine de mètre de mon boulot dans une grosse société aussi. Seulement chez eux, ils font du télétravail 3 jours par semaine et c'est prévu pour le long terme.
l'année prochaine, leur employeur va libérer un des batiments de bureaux
(cela permettra à la ville de Bruxelles d'offrir un logement à quelques centaines de nouveaux mendiants).
Ce genre de réactions est intéressante car cela montre le déni de réalité face aux conséquences engendrées, càd l'exclusion de toute une partie de la population impactée. Qui n'a plus le droit d'exister.
Personnellement je ne comprends pas cette politique au sens de l'intérêt général bruxellois. Pas spécialement parce que je suis anti-velos mais parce que cela va totalement à l'encontre de la réalité historique des quartiers et qu'il y a 0 mesure d'impact et politique globale pour répondre à la spécificité du coin, càd:
1/ On a dans le pentagone la + grande concentration de commerces/horeca de Bruxelles, c'est en fait le résultat des politiques XIXème d'Anspach quand on a créé les grands boulevards et déplacé les industries du centre aux faubourgs. On imaginait alors faire venir les riches Bruxellois des communes bourgeoises de la première couronne vers le centre en leur offrant une facilité de déplacement.
2/ On a dans le pentagone et alentours (quartier européen) une centralisation d'emplois de services qui demandent un large apport de navetteurs du fait des faibles qualifications du marché d'emploi bruxellois. L'emploi bruxellois =50% de navetteurs qui représente + de 300 000 personnes quotidiennes qui entrent en ville.
=> On met en place un plan de circulation qui exclut totalement la voiture du pentagone. C'est le but recherché et assumé.
Mais sans étudier les conséquences sur ces 2 aspects.
Pourtant on sait que :
1/ le commerce a toujours été lié aux facilités de passage et trafic. Le commerce se met sur les grands axes et disparaît sur les axes secondaires, c'est étudié:
Brussel Studies et d'autres ont analysé la disparition progressive des commerces centraux depuis les années 1950 à Bruxelles, le Pentagone étant le plus impacté par la disparition et vacances commerciale au profit de nouveaux "centres" en 2ème couronne, type Flagey et nouveaux centres en bordures de Région (Diegem/Zaventem par exemple...)
Les commerces qui meurent les premiers sont toujours sur les axes où il y a le moins de passage, les rues secondaires où on ne passe plus.
Imagine-t-on un commerce au centre Bruxelles qui soit constitué uniquement d'horeca et uniquement sur les grands axes ? Imagine-t-on qu'il va survivre alors qu'il est déjà sureprésenté sans possibilité de se rendre sur son lieu de travail pour les navetteurs, càd pour la moitié de l'emploi bruxellois ?
On a vu pendant le covid les effets du télétravail des fonctionnaires sur les commerces du quartier européen pour se faire une idée de l'impact futur de ce genre de décisions...
Peut-on garder une variété de commerces au centre ? Imaginer qu'on va voir des gens acheter de l'ameublement ou de l'électroménager dans le centre en velo-cargo c'est être dans la désillusion.
Les enseignes du centre font livrer, si au bout d'un moment tout le monde commande en ligne pour se faire livrer, pourquoi les enseignes garderaient d'aussi grandes surfaces dans le centre?
J'attends avec intérêt de voir les résultats futurs de surfaces type Mediamarkt au City 2 sur les ventes d'électroménager. On a vu qu'avec Vandenborre ce n'était pas glorieux.
A un moment donné devant les difficultés les gens passent plus volontiers à l'IKEA Zaventem/St Pieters Leeuw, ils en profitent pour aller au Mediamarkt/au Krefel qui se trouve à côté et faire leurs courses alimentaires en passant même s'ils habitent dans les 19 communes.
On peut arguer que les vélos/piétons constituent du trafic. Oui sauf que les comptages vélos de Bruxelles ne reprennent que quelques milliers de cyclistes quotidiens par point de passage et qu'un piéton/vélo n'achète pas forcément certains types de biens.
On supprime donc désormais totalement des axes au bénéfice de quelques milliers de personnes et on les interdit à l'immense majorité. D'où la création des goulets d'étranglement (bois de la Cambre, pentagone en ce moment).
Ils n'ont qu'à venir autrement qu'en voiture, la ville est trop embouteillée ? Oui mais c'est méconnaître totalement le point 2)
2/ la majorité des navetteurs continue et continuera à devoir venir en voiture du fait de l'impossibilité de faire autrement pour la plupart des gens vivant en campagne. Enormement de gens vivent en pleine cambrousse bien loin d'alternatives rapides. Et rappelons qu'en matière d'alternatives:
=> la jonction Nord-Midi est toujours saturée à 90% et ne peut d'ailleurs pas permettre de nouveaux trains + on ne veut pas de nouveaux métros ni gares/RER en concentrique autour de Bruxelles, c'est le serpent qu ise mord la queue
=> il n'y a jamais eu aussi peu de trains qu'en 2022 (record du nombre de trains supprimés cette année)
=> les parkings de dissuasion n'ont jamais existé et on n'arrête pas de supprimer des places de parking en voirie dans toute la Région
=> les plans pour mutualiser les parkings d'entreprise n'existent pas
On ne permet pas d'alternative à toute une catégorie de population et on crée des délocalisations sauvages.
Ca marche à Amsterdam ? ou à Gand ? A Louvain ?
Ces villes ont 2 à 6 fois moins de densité de population à hectares équivalent... Si on diminue les navetteurs et la population de moitié, il y a 0 problème à Bruxelles avec les infrastructures actuelles. Il n'y avait pas ces problèmes il y a 20 ans avec 200 000 personnes de moins.
Le pire probablement dans l'histoire est qu'on peut imaginer que Bruxelles va encore prendre 300 000 personnes d'ici 2050 pour arriver à la population de Paris intra muros si on continue à y centraliser l'emploi public. Et personne n'étudie les infrastructures nécessaires à la ville de demain dont les chantiers doivent commencer maintenant au vu du temps qu'on met à construire un RER en Belgique.